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  A la veille de la Révolution de 1789, un large consensus se dégageait en France en faveur d'une réforme de la société.     Deux grands ministres réformateurs (Turgot et Necker) ont été appelés au pouvoir par Louis XVI pour introduire des réformes mais ont échoué dans leur tâche laissant le chemin ouvert à la Révolution. Il s'agit de deux ministres "philosophes", à la fois acteurs et penseurs, maîtrisant la philosophie et l'économie politique de leur époque.

    Dans les deux livres que nous présentons ici, Condorcet (qui expose les idées de son maître Turgot) et Necker (qui sous couvert d'un Eloge à Colbert, expose son propre projet), présentent avec une grande clarté le programme des deux grandes sensibilités qui divisaient alors le camp réformateur français et dont la rivalité se fait encore sentir de nos jours : les sensibilités que l'on peut appeller libérale et interventionniste (avec toutes les réserves qu'exige l'usage de ce genre d'appellations).

     Mais ces auteurs développent chacun une version intelligente et subtile de la doctrine qui inspire leur camp. Ainsi, le "libéralisme" de Turgot, n'a rien à voir avec ce dogmatisme qui consiste à vouloir réduire l'Etat au minimum, ou à le maintenir en dehors de l'économie*. De même, "l'interventionnisme" de Necker (qui n'est pas sans rappeller l'approche envers l'économie du Général De Gaulle), n'a rien à voir avec le maintien des institutions de l'Ancien Régime comme les douanes intérieures, les jurandes et corporations, les obstacles à la libre circulation du blé, etc.

Deux raisons militent pour la lecture de ces deux livres. D'abord, le débat entre les sensibilités "libérale" et "interventionniste" va durer longtemps. Par leur clarté et leur élévation philosophique, ces deux livres sont un modèle que l'on pourrait souhaiter voir imiter. Ensuite, les étudiants en sciences politiques et économiques sont parfois au courant des débats anglo-saxons célèbres (comme celui qui a opposé Keynes et les classiques, par exemple) mais n'ont pratiquement jamais entendu parler du grand débat entre les partisans de Turgot et ceux de Necker. Il semble donc utile de redresser la barre.

 * Voir l'essai de Francisco Vergara : Intervention et laisser faire chez Turgot,
                  paru dans Cahiers d'économie politique   {pdf}    {Word}